
Questions à Guy Jacquemet
Pouvez-vous rappeler les objectifs valaisans en matière de chauffage ?
Le Valais vise 100% d’énergies renouvelables et indigènes pour 2060. D’ici à 2035, le canton ambitionne de multiplier par trois le nombre de pompes à chaleur et par deux le nombre de réseaux de chauffage à distance. Dans ce contexte, il faut noter que les bâtiments chauffés du parc immobilier cantonal comptent actuellement près de 40% de systèmes de production de chaleur fossiles (mazout et gaz) et un peu plus de 22% de chauffages électriques directs (centralisés ou décentralisés).
Où en est-on du remplacement de ces systèmes ?
Comme partout en Suisse, le taux de remplacement de ces installations de chauffage représente en moyenne à peine 1% par année. Mais la tendance récente en Valais montre une accélération réjouissante des remplacements en faveur des systèmes basés sur une énergie renouvelable. Cela résulte de la politique menée par le canton en matière de subventions, l’une des plus attractives de Suisse: 46 millions de francs ont été promis en 2023 pour l’assainissement énergétique des bâtiments, soit à peu près trois fois plus qu’en 2017. Ces montants, qui se cumulent avec ceux octroyés par de nombreuses communes, encouragent l’ensemble des travaux d’assainissement entrepris par les propriétaires, et pas uniquement le remplacement des systèmes de chauffage, qui doit d’ailleurs s’inscrire dans une réflexion plus globale.
Que devrait donc faire un propriétaire avant de remplacer son système de chauffage ?
Mieux vaut en priorité investir pour consommer moins d’énergie. Il faut notamment s’occuper de l’enveloppe du bâtiment (toit, fenêtres et façades), car une bonne isolation est essentielle pour éviter toute déperdition de chaleur en hiver et tout risque de surchauffe en été. Sur ce dernier point, il faut relever qu’une protection solaire extérieure efficace permet de fortement limiter ces risques. Le canton du Valais a conscience que la transition énergétique ne peut pas se réaliser sans accompagnements ni incitations financières. Les propriétaires valaisans qui améliorent la classe énergétique de leur bâtiment peuvent ainsi être subventionnés jusqu’à 40% de leur investissement. En prenant en compte la défiscalisation, possible sous certaines conditions et jusqu’à deux ans après l’année des rénovations, la charge des travaux sur les propriétaires est passablement réduite.
« Il faut inscrire le remplacement des systèmes de chauffage dans une réflexion globale sur l’assainissement des bâtiments »
Estimez-vous que les propriétaires sont suffisamment informés ?
Actuellement, il n’y a pas assez de « passages à l’acte » pour entreprendre les travaux d’assainissement. Nous devons donc informer davantage les propriétaires, surtout en ce qui concerne l’octroi de subventions, les aides proposées par les communes, les aspects fiscaux, les facilités proposées par les banques, mais aussi sur les bénéfices résultant des rénovations (confort, valeur du bien, coûts énergétiques, etc.). Le message doit être relayé sur le terrain par les professionnels du bâtiment et de l’immobilier, qui doivent donc être formés à informer. En ce sens, nous leur offrons la possibilité de suivre la formation de « facilitateur-trice de rénovations énergétiques », mise sur pied par le canton en partenariat avec le Bureau des métiers et la HES-SO Valais-Wallis. À ce jour, 160 personnes l’ont déjà suivie avec succès.