Le monde de demain

Rafraîchir sans climatiser

Les surchauffes estivales dans nos logements sont déjà une réalité, et la température devrait continuer de grimper. Pour y faire face, il existe des solutions simples et efficaces qui s’appuient sur une conception réfléchie des bâtiments et de leur environnement.

Avec des étés de plus en plus chauds, il devient essentiel d’adapter nos logements. Maintenir une température agréable n’est pas qu’une question de confort, mais aussi de santé, notamment pour les personnes les plus vulnérables. Si la climatisation rafraîchit immédiatement, elle pèse toutefois elle aussi sur le climat. En parallèle des solutions technologiques, la conception architecturale et une réflexion à l’échelle du quartier offrent des réponses pertinentes.

L’architecture en question

Quand un bâtiment est mal pensé, les gestes du quotidien – fermer les stores et les fenêtres la journée, ventiler la nuit – restent peu efficaces, explique Loïc Simon, architecte et membre de l’association Architectes pour le climat. Exit donc les grandes surfaces vitrées exposées au soleil. L’installation de systèmes d’ombrage (casquettes, stores extérieurs ou autres) devrait quant à elle être un réflexe.

Le choix des matériaux en façade est déterminant pour le confort thermique. Pour garder le frais à l’intérieur, on a besoin de matériaux capables de réguler les échanges d’énergie. Le béton, notamment, absorbe et restitue lentement la chaleur grâce à son inertie thermique, ce qui aide à stabiliser la température intérieure. « C’est bien l’un de ses rares atouts environnementaux ! » relève Loïc Simon. Des alternatives comme la terre crue, qui combine inertie thermique et régulation de l’humidité, méritent également d’être envisagées. À l’inverse, les matériaux à faible masse thermique, comme le bois, réagissent rapidement aux variations de température, rendant les bâtiments plus sensibles aux surchauffes, et nécessitent donc des stratégies architecturales adaptées.

Du bâtiment au quartier

Mais rafraîchir nos habitations ne se limite pas à nos intérieurs. Le défi est de créer un microclimat favorable en intégrant l’environnement immédiat. « Vous pouvez concevoir le bâtiment le plus bioclimatique possible, si vous le placez au milieu d‘un parking, il aura des problèmes de surchauffes estivales, il n’y a pas de miracle », prévient Loïc Simon, également directeur associé d’Enoki, entreprise spécialisée dans les stratégies et l’activation de quartiers durables. Il rappelle que l’eau, les plantes et les arbres sont de précieux alliés : préserver la perméabilité des sols améliore la gestion du cycle de l’eau, alors que les espaces verts génèrent de multiples bénéfices. « Ils apportent de l’ombre et favorisent l’évapotranspiration, qui joue un rôle clé dans la régulation des températures. La végétalisation des toitures et des façades contribue quant à elle au rafraîchissement de l’environnement direct et se marie sans problème avec des panneaux solaires. » Planter des arbres dans un quartier soutient aussi la biodiversité, un enjeu crucial pour la Suisse, où un tiers des espèces et la moitié des milieux naturels sont menacés, selon l’Office fédéral de l’environnement.

Action unique, impacts multiples

Chaque bâtiment a ses particularités – orientation, environnement, habitudes des occupants. Les solutions doivent donc être adaptées et, en pensant global, les bénéfices sont multiples, relève Loïc Simon : « Si on pense aux limites planétaires, où se croisent l’artificialisation des sols, la biodiversité ou encore le cycle de l’eau, une seule mesure bien pensée peut répondre à plusieurs enjeux. En travaillant sur les questions de climat urbain, on peut avoir un impact sur beaucoup d’autres domaines. » Un effet boule de neige bienvenu lorsqu’on évoque les surchauffes estivales.