Portrait

Elle valorise la chaleur des parkings

Cofondatrice de la start-up Enerdrape, Margaux Peltier en est aussi devenue le visage. À 30 ans, et avec pour principal moteur son impatience, l’entrepreneuse ambitionne de faire de ses panneaux géothermiques une évidence.

Interview

Margaux Peltier, cofondatrice de la start-up Enerdrape

2:44 | Portrait

Elle n’est pas le genre de personne qui aime attendre. Margaux Peltier aurait pu faire une thèse de doctorat, mais elle a préféré du concret. Et depuis le lancement des panneaux géothermiques d’Enerdrape, les reconnaissances pleuvent. Rien qu’en 2024, l’entreprise a figuré au classement « impact/100 » de la Fondation Norrsken. Margaux s’est quant à elle retrouvée dans le classement « 30 under 30 » du magazine Forbes pour la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche. Une visibilité bienvenue, même si ce succès provoque également un sentiment qualifié d’étrange par l’entrepreneuse : « Des gens que je ne connais pas savent ce que je fais et qui je suis. »

Margaux Peltier

« J’ai envie de faire bouger les choses »

Encourager la jeunesse et l’innovation

Pourtant, Margaux a grandi à Monaco, avec ses parents et sa sœur, « dans une bulle où tout le monde sait ce que tout le monde fait, où il faut se faire voir ». C’est d’ailleurs ce qu’elle souhaite quitter, à 17 ans, lorsqu’elle prend la direction de la Suisse pour commencer un bachelor en ingénierie civile à l’EPFL. Elle y découvre un monde très masculin et conservateur. Être une femme dans ce milieu a contribué à sa volonté d’encourager les jeunes filles. Et le fait que le secteur soit « un peu à la traîne » en matière d’innovation est une chance : « Cela signifie qu’il y a des possibilités prometteuses pour le futur. J’ai envie de faire bouger les choses, que cela aille plus vite ! »

Un intérêt de longue date

Son besoin d’expérimenter l’avait déjà poussée à travailler pendant un an après l’obtention de son bachelor. D’abord au sein d’un bureau de chauffage-ventilation à Genève, puis dans un bureau d’architecture qui construit des maisons totalement autonomes à Montréal. Elle en revient avec une vision plus claire pour commencer son master en génie civil, avec une spécialisation en énergie et construction durable. « J’ai le sentiment que cet intérêt est arrivé très tôt, déjà à l’adolescence, mais je ne saurais dire pourquoi. Peut-être était-ce une réponse inconsciente au fait que mes parents travaillaient dans une entreprise de plateformes pétrolières ? »

@Joelle Tille

Un esprit créatif

Au départ cependant, entre architecture et ingénierie, son cœur balançait. L’ingénierie l’a emporté, Margaux étant encouragée par ses professeurs en raison de ses bonnes notes en mathématiques. Mais elle est un esprit créatif dans un cerveau pragmatique. « J’aime l’art moderne, la peinture, la sculpture, visiter des musées. Je me demande toujours ce que l’artiste a voulu représenter, c’est comme un casse-tête. » Parfois, ses collègues n’ont pas assez d’imagination à son goût. Car trouver des solutions, c’est aussi ça, la créativité. « J’ai trouvé ma voie. Un ingénieur qui n’est pas créatif est finalement juste bon à suivre des normes. Et ce n’est pas en faisant toujours pareil qu’on fait évoluer les choses. »

Une technologie unique au monde

Enerdrape conçoit et commercialise des panneaux géothermiques destinés à être installés au sein d’infrastructures souterraines, comme les parkings ou les tunnels. Captant l’énergie thermique présente dans le sol, ils la transforment en chauffage ou climatisation au sein d’un bâtiment. Ils offrent l’avantage de ne pas nécessiter de forage et contribuent à réduire considérablement les émissions de CO₂.