3 questions à Sébastien Buemi
Comment s’est passée votre transition de la Formule 1 à la Formule E ?
En janvier 2015, alors que le premier championnat de Formule E débutait, j’évoluais toujours en tant que troisième pilote chez Red Bull Racing en Formule 1. En parallèle, mes performances en endurance étaient très bonnes et je sentais que j’avais tout le temps de poursuivre dans cette catégorie. C’est sans attentes particulières que j’ai rejoint le championnat électrique à ce moment-là. Après une première saison où j’ai terminé à la 2e place, j’ai décidé de m’y consacrer plus à fond et de quitter la Formule 1.
Quelles différences observez-vous entre ces deux catégories ?
La Formule E demande beaucoup d’investissement, notamment parce que les courses se déroulent en partie en ville, où il faut bloquer la circulation. Ces courses ont rapidement connu un succès grandissant, tant auprès du grand public que des constructeurs, qui sont toujours plus nombreux à rejoindre le championnat. En termes de conduite, le ressenti est évidemment différent de celui de la Formule 1. Les modèles électriques ont beaucoup de couple et de puissance, mais peu d’adhérence, notamment parce que nous évoluons sur des circuits en ville et que nous ne changeons pas de pneumatiques en cas de pluie.
Au quotidien, je roule dans un plug-in hybride, un modèle familial de type van. Mon épouse utilise quant à elle un véhicule 100% électrique.
Au-delà de la compétition, que peut-on attendre de la Formule E en termes d’impact durable et technologique sur la mobilité ?
La Formule E est un véritable laboratoire d’innovation. Le transfert technologique depuis cette catégorie vers la mobilité au sens large est d’ailleurs bien plus présent que depuis la catégorie Formule 1, où les voitures restent très spécifiques. Les principales évolutions concernent le développement du système de gestion de la batterie et d’utilisation de l’énergie. Il faut savoir que la catégorie électrique n’est pas régie par le même règlement que la Formule 1. Les trois quarts des véhicules électriques sont identiques pour tous les pilotes, qui bénéficient tous de la même batterie et de la même quantité d’énergie au départ, sans possibilité de recharger en course. Tout est donc poussé au maximum en matière d’efficience et de récupération d’énergie, par exemple lors des freinages ou encore en jouant sur l’aspiration. Au total, nous parvenons à récupérer jusqu’à 45% d’énergie en compétition.