Portrait

3 questions à Noémie Schmidt

Sa nouvelle série Délits Mineurs est sortie le 14 septembre sur la RTS. Entre deux trains pour venir en faire la promotion en Suisse, l’actrice valaisanne installée en Dordogne s’est prêtée au jeu des 3 questions pour Pulse.

Noémie, quelle est votre conception de la durabilité ?

Quand on parle de durabilité, on l’inscrit généralement dans un contexte libéral où une croissance infinie s’oppose à la raréfaction des ressources. Mais à mon avis, la durabilité n’a de sens que si elle englobe une forme de décroissance. C’est pour cette raison que je préfère utiliser le mot pérennité : repenser les modèles qui nous ont été transmis et trouver de nouvelles solutions, tels sont les défis de notre génération.

Noémie Schmidt

À mon avis, la durabilité n’a de sens que si elle englobe une forme de décroissance
En lien avec cette thématique, pouvez-vous nous en dire plus sur votre démarche artistique ?

Parce que l’art ne peut être déconnecté du monde dans lequel on vit, nous avons eu recours au financement participatif pour réaliser Paris est à nous en 2018. Devant l’urgence du contexte social tendu de Nuit debout, nous avions des choses à dire, mais pas le temps de nous heurter à la bureaucratie des demandes de subventions. Malheureusement, cette façon de faire n’est pas pérenne. À l’inverse, déménager en Dordogne en 2020 nous a permis d’entamer une quête de stabilité qui devrait nous permettre de faire de l’art en se détachant du rapport à l’argent. Plus d’espace, plus de liberté, notre approche plus concrète et logique du processus créatif implique moins de croissance, mais plus de circuit court. Faire son potager, utiliser des matériaux durables, créer des liens et favoriser les échanges de compétences, voilà notre réponse à un milieu du cinéma toujours plus oppressant. Et nous, nous sommes simplement moins stressés.

Plutôt optimiste ou pessimiste par rapport à l’avenir ?

Je me considère plutôt comme optimiste, même si je suis lucide sur le fait que nos gouvernements ne prennent pas encore la mesure des enjeux de notre époque. Selon moi, l’origine de ce déclin est à chercher dans un problème organisationnel, et non dans la pénurie de ressources. Il existe mille et une façons de mieux s’organiser, et il n’est jamais trop tard pour franchir le pas. Tôt ou tard, le défi climatique nous mettra face à un changement inéluctable qui nous forcera à modifier radicalement notre société.