Énergie en mouvement

Avec COOS, mieux manger pour le climat

En Suisse, le système alimentaire est responsable de près de 30% des émissions de gaz à effet de serre. En plus de ça, il est la cause principale de la perte de biodiversité et de nombreux problèmes de santé. Face à ce constat, Tora Löf et Maéva May, 31 ans chacune, originaires du Val de Bagnes, ont co-fondé COOS. L’entreprise tente de montrer, par différents moyens tels que l’accompagnement de communes, restaurants ou foyers, ainsi que par de l’évènementiel, qu’il est possible de bien manger en réduisant drastiquement l’impact sur le climat. Entretien avec Tora Löf.

Tora Löf

Co-fondatrice de COOS

Comment vous est venue l’idée de fonder COOS ?

Avec Maéva on est amies d’enfance. Elle a étudié la science de la nutrition et moi la communication. L’alimentation nous a toujours réunies. Pendant nos études, on avait remarqué que les débats autour de l’environnement tournaient beaucoup autour du zéro plastique, de l’isolation des maisons, du transport. En 2015, c’était la mode des produits considérés comme sains qui venaient de l’autre bout de la planète. Jamais on ne parlait de leur impact environnemental. On s’est dit qu’il devait y avoir un créneau dans l’alimentation et la durabilité, et montrer qu’on peut manger de manière responsable et gourmande.

Tora Löf

À mon avis, la durabilité n’a de sens que si elle englobe une forme de décroissance
Concrètement, qu’est-ce que COOS ?

On a commencé par un « food blog» à côté de nos études. Celui-ci s’est développé en service traiteur. Mais on restait frustrées, on voulait obtenir un impact plus conséquent. C’est alors qu’on a imaginé le projet Dévore, ici à Bagnes. L’idée est de quantifier l’impact du gaspillage alimentaire afin de pouvoir se baser sur des chiffres pour expliquer l’impact environnemental de notre alimentation. En 2019 nous avons lancé l’étude en collaboration avec huit restaurateurs à Verbier. On a ensuite organisé des ateliers avec les restaurateurs afin de discuter de l’offre culinaire. Aujourd’hui c’est une agence de changement qui aide non seulement les communes, mais aussi les entreprises à implémenter l’alimentation durable dans leurs stratégies de durabilité par différents moyens.

Avez-vous quelques conseils, astuces, qui permettent de réduire cet impact ?

Diminuer sa consommation de viande tout d’abord. Selon le Planetary Health Diet, qui propose un cadre scientifique pour une alimentation à la fois saine pour les humains et pour la planète, on devrait manger un steak toutes les deux semaines seulement. C’est clair que ce n’est pas très populaire en Valais donc on conseillera à quelqu’un qui mange de la viande quotidiennement de n’en manger plus que trois fois par semaine. Mais il faut aussi réapprendre à manger local et de saison, et faire en sorte de ne rien gaspiller !  Il y a des préjugés qui disent que c’est plus cher. Mais si l’on réduit de manière conséquente la consommation de viande et les produits transformés, le prix du panier moyen se réduit également.

Ces conseils sont pourtant connus de beaucoup de Suisses. Comment expliquez-vous la réticence à changer son alimentation ?

C’est difficile de changer nos habitudes, surtout quand les magasins et supermarchés sont faits pour que ce soit facile de consommer des aliments ultra-transformés ! Mais c’est aussi une question de temps et d’espace mental. Nous sommes tellement submergés par des messages différents à longueur de journée. Nos vies sont chargées entre travail, famille et tout le reste. Dans la majorité des familles avec lesquelles nous avons travaillé, c’est encore la maman qui s’occupe de faire les courses et de faire à manger à la famille. Beaucoup d’entre elles cuisinaient selon le « modèle » suisse, avec beaucoup de féculents, de viande et un peu de légumes sur le côté. Elles étaient toutes au courant qu’elles devraient réduire la consommation de viande mais elles manquaient d’alternatives et d’inspiration. On peut le faire pas à pas, en repensant un peu sa cuisine.  En faisant des réserves de protéines végétales et de féculents locaux tels que les lentilles, haricots rouges, boulgour, quinoa et en expérimentant avec les fruits et légumes de saison on peut vraiment découvrir les saveurs de notre terroir de manière complètement différente, et GOURMANDE. De plus, en faisant des réserves et en achetant plus local, on voit que le prix du panier moyen peut réduire. Il faut oser essayer de nouvelles choses !

Magasins & Fermes recommandés par Tora :

Intchié No

Épicerie et boucherie à Sion

La Fermette à Didi

Vente à la ferme et au marché de fromage de chèvre, viande et œufs.

La chèvre pédagogique

Vente à la ferme et paniers de légumes de saison, les fruits, les œufs, le fromage de vache ou de chèvre, les pommes de terre et la viande de nos génisses et bœufs.

L’essencier

Distillerie et vente directe d’huiles essentielles, hydrolats, huiles végétales de soins, infusions, cosmétiques.

Reynard Bio-top

Jeunes producteurs de fruits et légumes bio à Saillon.

Voici une liste des restaurants recommandés par Tora, sélectionnés parce qu’ils mettent à l’honneur les produits de saison et du terroir, en favorisant les circuits courts.

Purée de courge, champignons et œuf :

  • 1 (ou 2) courge hokkaido de 1,5-2kg
  • 1 oignon
  • 1 gousse d’ail
  • 500g de champignons de votre choix
  • 4 œufs
  • 2 à 3 cuillères de pâte de miso
  • Vinaigre blanc
  • Huile d’olive
  • Persil frais ou jeunes pousses
  • Sel, poivre, gingembre séché

Coupez la courge en cube et faites-la revenir dans le fond d’une casserole avec un peu d’huile d’olive.
Séparément, mélangez 3 tasses d’eau avec 2-3 cuillères à soupe de pâte Miso (nous utilisons la pâte Miso de Swiss Miso faite avec du soja suisse.
Une fois la courge légèrement dorée, ajoutez la préparation liquide dans la casserole avec un peu de gingembre séché, du poivre et du piment séché. Faites cuire le tout pendant 30 minutes environ.
Coupez les oignons et pressez l’ail pour les faire revenir dans une poêle avec un peu d’huile. Ajoutez les champignons avec un peu de vin blanc. Réservez la préparation à feu moyen.
Pour l’œuf, faites bouillir l’eau avec 1 cuillère à soupe de vinaigre, réduisez le feu jusqu’à ce que les mouvements d’eau soient très faibles, cassez l’œuf dans une petite tasse, faites un tourbillon dans l’eau et ajoutez l’œuf délicatement, laissez cuire 5 minutes. Sortez l’œuf délicatement avec une petite passoire.
Dressez les assiettes et ajoutez des herbes fraîches sur le dessus avec une petite pincée de gros sel.

Le tour est joué !