
Questions à Chantal Peyer
Interview
Chantal Peyer
3:40 | Portrait
Chantal Peyer a ce sourire collé aux lèvres et ce regard pétillant qui semblent vous dire « ça va aller ». Peut-être parce qu’elle est ici et déjà là-bas, un pied dans le présent et un autre dans l’avenir. Cofondatrice du Hub des possibles, elle s’appuie sur la prospective – discipline qui étudie les futurs possibles pour éclairer les décisions présentes – afin de tracer de nouveaux chemins vers un avenir désirable, armée de cette profonde conviction : « Le monde est ce qu’on en fait. » Car le fatalisme, très peu pour elle.
Déconstruire les imaginaires
Au sein du Hub des possibles, Chantal Peyer organise des ateliers, des conférences et des rencontres pour aider les citoyens, les organisations et les collectivités à devenir des « optimistes lucides », à retrouver confiance en leur capacité d’agir et à imaginer d’autres futurs possibles. « Être lucide, dit-elle, c’est regarder en face les faits scientifiques, politiques et écologiques peu rassurants. Être optimiste, c’est comprendre que ces faits, même difficiles, ne définissent pas l’avenir. » Pour elle, le futur n’est pas « que » le prolongement du pré sent, mais dépend de ce qu’on décide d’en faire. Quant à son « intranquillité », comme elle l’appelle, elle la pousse à agir face aux discours qui ne visent que la catastrophe comme finalité. « Il faut changer le narratif actuel pour permettre une nouvelle façon de percevoir l’avenir et donner l’envie de se mettre en mouvement », insiste-t- elle. Elle en est convaincue : ce qui plonge l’homme dans la colère, c’est le sentiment d’impuissance. « Agir, c’est reprendre du pouvoir. »
L’épreuve de lucidité
Les racines de son engagement remontent à ses 19 ans, quand elle décide de partir trois mois en Inde pour travailler dans le mouroir de Mère Teresa. « Ma première épreuve de lucidité », dit-elle. Elle en revient profondément transformée, avec une boussole qui ne la quittera pas : la justice sociale. Diplômée en histoire, en sciences politiques et en sciences des religions, elle travaillera dans les domaines de l’économie éthique, du développement durable et des droits humains, s’engagera dans le monde des ONG et du lobbyisme politique, et se formera à la prospective, au coaching ou encore à la communication non violente (entre autres). Des disciplines qui lui permettent de « toucher et d’ouvrir les esprits pour initier le changement ».
Transmettre l’espoir
L’émerveillement et la bienveillance sont pour Chantal Peyer de précieux alliés pour regarder notre monde autrement et le réinventer. De la naïveté ? Certainement pas ! « Je choisis tous les jours de concentrer mon énergie sur les enjeux que je comprends, puis, avec lucidité, je me connecte à mes sphères d’influence pour créer autre chose. C’est un positionnement qui demande beaucoup de courage », assure-t-elle, rayonnant de la conviction que le futur ne se subit pas : chaque jour, nous avons le pouvoir de façonner un monde plus juste et plus durable. Chantal Peyer fait du bien à l’âme, à l’imagination et à l’espoir.
Les voix des possibles
Chantal Peyer réalise le podcast 2040, j’y vais. Elle tend le micro à des personnes qui, par leur posture, leur vision et leurs engagements contribuent à la construction de la Suisse romande de demain. Tendez l’oreille… et ouvrez les possibles.