Le monde de demain

Former aujourd’hui pour construire demain

Après l’explosion de la demande d’installations photovoltaïques dans les années post-Covid et pendant la crise énergétique, le marché valaisan du solaire connaît aujourd’hui une accalmie. Une parenthèse que les installateurs devraient exploiter pour renforcer leurs compétences, afin d’être prêts lorsque la demande repartira à la hausse.

Il fallait faire vite ! Dès 2019, face à l’explosion des demandes, l’AVIS (Association valaisanne des installateurs solaires), EIT.valais, tec-bat et le Bureau des métiers ont lancé une formation continue de monteur photovoltaïque. L’objectif ? « Former des gens vite et bien, de manière professionnelle », explique Stéphane Belliot, président de l’AVIS. Une volonté également, celle de proposer une formation « par et pour » le terrain. Près de 100 monteurs ont ainsi été formés fin 2024, alors que démarrait, en septembre de la même année, le très attendu CFC d’installateur solaire (et son pendant AFP en deux ans). Mais, selon Stéphane Belliot, il arrive un peu tard : « Il y a eu une énorme courbe de croissance du volume solaire installé ces dernières années : +25% par rapport à l’année précédente en 2020, +29% en 2021, +31% en 2022 et +40% en 2023. Mais le soufflé est retombé et, pour 2024, on est à +15%. Ce n’est pas si mal, mais il faut rappeler que le nombre d’acteurs a explosé entre-temps. »

Faire dialoguer les métiers

Traditionnellement, la formation s’est souvent faite sur le tas. Un manque de vision globale et de compétences croisées qui peut poser problème, comme l’explique Stéphane Belliot : « Un électricien maîtrise la norme NBT liée à la basse tension, mais demandez-lui s’il connaît la norme SIA 232 qui régit le travail sur toiture… Et inversement pour un couvreur, qui maîtrise le toit, mais pas les normes électriques. » Résultat : selon lui, chacun part de son métier de base et compose avec le reste.

Il rappelle donc l’importance d’amener « la connaissance et la compréhension des rôles respectifs, puisque différents profils interviennent en matière de pose solaire ». Une méconnaissance mutuelle peut créer des tensions et, sans former, on baisse également en qualité, avertit Stéphane Belliot. Or la pression était telle durant le boom que les risques d’une formation insuffisante étaient souvent acceptés pour répondre à la demande effrénée.

Une demande à la traîne

Aujourd’hui, la demande a ralenti. « Depuis début 2025, on ne manque plus de main-d’œuvre », constate Stéphane Belliot, évoquant une régression qui pousse à la prudence. Les entreprises évitent en effet de former du personnel dont elles n’auront peut-être plus besoin dans quelques mois. L’engouement pour le nouveau CFC est quant à lui limité : seulement 66 places d’apprentissage d’installateur photovoltaïque pour la rentrée 2024 en Suisse (contre 367 pour les mécaniciens automobiles). En matière de formation professionnelle, l’offre suit la demande des entreprises… et elle est faible pour les futurs professionnels du solaire.

Pourtant, les perspectives invitent à ne pas sacrifier la formation aujourd’hui, sous peine de manquer cruellement de compétences quand la demande repartira : si la Suisse disposait fin 2023 d’environ 6,4 GW de capacité photovoltaïque installée, produisant 4,6 TWh, la Stratégie énergétique 2050 fixe un cap à plus de 11 TWh en 2050 — soit près de 5 GW supplémentaires (l’équivalent d’environ 15 millions de panneaux).

Se préparer aujourd’hui pour demain

Alors, faut-il s’inquiéter ? « Ça va reprendre ! » affirme Stéphane Belliot. La Stratégie énergétique 2050 et les plans cantonaux misant sur le solaire, il plaide ainsi pour la proactivité : « Profitons de l’accalmie pour prendre le temps de bien faire les choses. » Un appel d’autant plus pertinent que des signaux préoccupants émergent : formations continues annulées faute d’inscrits et annonce d’une réflexion fédérale sur des coupes budgétaires dans ce domaine. Un choix « déraciné », selon Stéphane Belliot, qui pointe un « risque que les formations continues, pourtant cruciales, ne soient plus prioritaires ». Or ne pas relâcher l’effort de formation aujourd’hui permettra d’assurer les compétences indispensables pour un secteur solaire clé.