Le monde de demain

AELER : le conteneur maritime réinventé

Plus d’une soixantaine de conteneurs AELER voguent déjà à travers les mers du globe. Plus résistants, isolés et connectés, la start-up de l’EPFL a de nombreux arguments pour conquérir de nouveaux marchés.

C’est en 1956 que l’entrepreneur américain Malcom Mc Lean a l’idée de charger la partie supérieure d’une remorque de camion directement sur un bateau. Empilables, intermodaux, standardisés :
rapidement, les conteneurs conquièrent le transport maritime mondial. Depuis 80 ans, ces boîtes métalliques n’ont quasiment pas évolué et font partie des produits les plus standardisés de la planète.

Depuis 2018, AELER tente de révolutionner ce secteur. « Il y a de nombreuses innovations qui tentent de réduire l’impact environnemental du transport maritime en améliorant les moteurs des porte-conteneurs par exemple. Mais pourquoi ne pas travailler sur cet espace ? » questionne Aryane Boroumand, chargée de communication chez AELER.

Ainsi, l’entreprise a, tout en gardant les mêmes dimensions, totalement revu la structure du conteneur. Constitué de fibre de verre et de résine, celui-ci a les parois plus solides et plus isolantes que celles d’un conteneur métallique. Des propriétés qui lui permettent de viser trois marchés :

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Le transport de liquides

Le transport de liquides

Habituellement, ceux-ci sont conditionnés dans des flexibags, des grands sacs en plastique à usage unique. Ils sont ensuite chargés dans des conteneurs. Comme il n’y a pas de renforcement sur les parois latérales d’un conteneur classique, il n’est pas possible de remplir le flexibag au maximum ce qui provoque une perte de quantité importante par conteneur. AELER travaille notamment avec la multinationale américaine spécialisée dans les produits de nettoyage, d’hygiène et pharmaceutiques Procter & Gamble.
« Grâce aux conteneurs AELER, ils peuvent déplacer les savons et autres composants liquides en réduisant leur impact environnemental. En effet, grâce aux conteneurs AELER, nous pouvons charger 4 tonnes de plus par flexibag, réduisant le nombre de conteneurs (et dès lors de sac à usage unique) pour le même volume », explique Aryane Boroumand. Selon l’expérience de la start-up, 17% de liquide en plus peut être transporté dans leur conteneur par rapport à un conteneur classique.

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Le transport de biens sensibles à la température

Le transport de biens sensibles à la température

Certains produits ne nécessitent pas de voyager réfrigérés mais sont sensibles aux variations de températures. Or, lors d’un voyage en conteneur, qu’il soit en haute mer, sur des rails ou sur la remorque d’un camion, les parois métalliques de celui-ci ne sont absolument pas isolantes. Les entreprises utilisent donc généralement des isolants à usage unique et non recyclables tels que du polystyrène expansé pour protéger leur marchandise. En plus d’économiser l’isolant, des biens tels que des grains de cafés ou concentrés de jus de fruits pourraient à terme, naviguer dans ces conteneurs en étant protégés des intempéries.

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Les biens à haute valeur ajoutée.

Les biens à haute valeur ajoutée.

La scale-up suisse a intégré toutes sortes de senseurs dans ses conteneurs, qui permettent une plus grande traçabilité et de suivi. Habituellement, l’entreprise qui veut transporter sa marchandise n’a en effet que très de moyens de savoir où celle-ci se trouve en temps réel, d’autant plus qu’énormément de différents acteurs se mélangent dans ce secteur. « Nous espérons que nos conteneurs connectés pourront être une alternative au fret aérien qui reste, pour les produits de luxe, le moyen de transport le plus sécurisé… Nous visons également le marché des microchips », relève Aryane Boroumand.

Aujourd’hui, la scale-up compte une soixantaine d’employés répartis entre la Suisse, Porto (Portugal) et Hambourg (Allemagne). Si le conteneur de 20 pieds est commercialisé, elle vient de lancer la production de son équivalent de 40 pieds. Une nouvelle levée de fonds est en cours.

Malgré toutes ces innovations, de nombreux défis attendent encore l’entreprise suisse. « Le marché maritime n’est pas facile à pénétrer car il est extrêmement concurrentiel. Quelques énormes boîtes se partagent le marché avec des marges parfois très faibles », concède Aryane Boroumand. Mais année après année, AELER consolide ses contacts et trouve sa place dans ce business de géants.