Que faire des panneaux solaires en fin de vie ?
Avec l’essor des énergies renouvelables, le recyclage des panneaux photovoltaïque devient crucial. La Suisse sous-traite actuellement cette tâche à l’Allemagne. Mais la filière helvétique est prête à déployer ce processus sur son sol… dès que des volumes suffisants permettront de rentabiliser l’opération.
La multiplication des panneaux photovoltaïques pose également la question de leur recyclage. D’ici à 2050, quelque 78 millions de tonnes de modules solaires arriveront ainsi en fin de vie à l’échelle mondiale, représentant un marché potentiel de 15 milliards de dollars. En Suisse, où 95% des matériaux photovoltaïques sont recyclables, le système en vigueur permet déjà de collecter efficacement les panneaux usagés.
Le recyclage suisse repose sur un système réglementé par l’ordonnance sur la restitution, la reprise et l’élimination des appareils électriques et électroniques (OREA). Il est financé par une taxe anticipée de recyclage (TAR). Au niveau opérationnel, c’est l’organisation SENS eRecycling qui pilote le processus, depuis la collecte jusqu’à l’acheminement des matériaux en-dehors du pays, où la revalorisation des composants est effectuée. SENS eRecycling gère par ailleurs tous les déchets électroniques et de type électroménager.
Récupération gratuite
La responsabilité de démonter les panneaux solaires usagés revient aux entreprises et aux particuliers qui en sont propriétaires. Une fois qu’ils sont retirés de la toiture et préparés sur des palettes, SENS eRecycling se charge de venir les récupérer gratuitement. Ce service est accessible sur le site internet de l’organisation, où la prestation peut être demandée. À l’heure actuelle, ce système est déjà déployé par SENS eRecycling auprès de plusieurs centaines d’entreprises. Déposer directement ses panneaux usagés dans un centre de collecte demeure par ailleurs gratuit.
Mais malgré une infrastructure performante, les défis économiques subsistent pour mener les étapes suivantes en terres helvétiques. « Après avoir été concentrés dans un point de collecte, les panneaux solaires usagés sont acheminés par camion en Allemagne, où la suite des opérations est menée », détaille Roman Eppenberger, responsable technologie et qualité chez SENS eRecycling. Là, les modules photovoltaïques sont alors démontés pour en isoler les différents composants : le verre (qui représente jusqu’à 80% d’un panneau), l’aluminium (pour le cadre), mais aussi le plastique.
Une filière 100% locale… pas pour tout de suite
Afin de rapatrier ces opérations en Suisse, il faudrait encore attendre entre cinq et dix ans. Le temps d’atteindre des volumes suffisants pour franchir le seuil de rentabilité. C’est le cas, par exemple, pour les déchets électroménagers et les appareils électriques usagés recyclés qui, à l’échelle nationale, représentent environ 130 000 tonnes annuelles. À titre de comparaison, les panneaux solaires en fin de vie ne représentent pour l’instant que quelque 1000 tonnes par année en Suisse.
À terme, l’intégration du recyclage photovoltaïque dans notre pays permettra de générer non seulement une plus-value durable, en évitant l’exportation par la route des panneaux solaires usagés, mais aussi économique, en créant des emplois locaux dans cette nouvelle filière. « Pour mener cette phase de recyclage photovoltaïque en Suisse, nous devons par ailleurs développer des infrastructures dédiées au traitement du verre. En effet, il n’existe pour l’heure pas de fonderies permettant de prendre en charge la revalorisation des verres plats tels que ceux que l’on trouve sur les panneaux solaires », conclut Roman Eppenberger.