Le bois, cet atout énergétique suisse
Recouvrant près d’un tiers du territoire national, les forêts constituent un atout de taille pour la Suisse. Entre le Plateau, les Préalpes et la région alpine, la richesse forestière du pays représente un allié naturel dont les bienfaits s’avèrent multiples, notamment en matière de protection contre les dangers naturels. Dans le cadre de la transition énergétique, nos forêts méritent également une attention particulière. Un levier durable qui, même en étant davantage exploité, continuerait à concilier préservation de le biodiversité, protection des habitats et absorption du carbone.
Potentiel énergétique sous-exploité
En tant que source d’énergie renouvelable, le bois présente deux avantages majeurs : sa neutralité carbone et des circuits d’approvisionnement courts. « À l’échelle suisse, l’utilisation du bois-énergie permet de profiter pleinement de ces deux atouts, puisque l’exploitation des forêts est régie par un cadre légal strict qui assure leur régénération, notamment en interdisant les coupes rases », explique Richard Golay, responsable de l’antenne romande de l’association Énergie-bois Suisse. Contrairement aux énergies fossiles, la combustion du bois n’impacte pas le climat, puisque la quantité de carbone libérée correspond à celle qui a été piégée dans l’arbre durant son cycle de vie. Le même phénomène se produit lorsque l’arbre se décompose.
Actuellement, la part du bois dans le secteur de la chaleur représente 11% en Suisse. Pour les prochaines années, Énergie-bois Suisse indique que cette proportion devrait probablement passer à 20%. « Et cela, sans nuire à la forêt ni à son rôle protecteur », souligne Richard Golay. « La croissance annuelle de nos forêts représente en effet 10 millions de mètres cubes de bois et nous ne consommons qu’un peu plus de la moitié de ce volume. Passer de 11 à 20% de bois dans le secteur du chauffage n’implique par ailleurs pas de doubler les volumes prélevés, puisque les rénovations énergétiques en cours rendent notre parc immobilier de plus en plus efficient. »
Une filière locale
En tant que combustible, le bois se décline sous trois formes : bûches, pellets et bois déchiqueté (aussi appelé plaquettes forestières). Ces deux dernières formes permettent de chauffer des logements à l’échelle d’un ou de plusieurs immeubles, via des chaudières centrales automatisées et des systèmes de chauffage à distance. Pour les bûches, il s’agira plutôt d’un chauffage d’appoint dans une maison individuelle, utilisé par exemple en complément d’une pompe à chaleur. En Suisse, l’importation de bûches et de plaquettes est inférieure à 5%, tout le reste étant d’origine indigène. Pour les pellets, elle est d’environ 25%.
Pour les acteurs de la filière forestière, le bois-énergie constitue aussi une manne économique porteuse, assurant des emplois que l’on ne peut pas délocaliser. « D’où l’importance de les soutenir pour leur permettre de répondre à la demande croissante attendue dans le secteur du chauffage à distance notamment. Contrairement aux autres agents énergétiques, par exemple fossiles, le bois présente l’immense avantage de solliciter des ressources et des acteurs économiques locaux. Plus de 90% du bois consommé en Suisse est en effet issu de nos forêts et de l’entretien du paysage. Enfin, son prix est très compétitif, voire meilleur marché que les énergies fossiles importées », conclut Richard Golay.