Le monde de demain

Quand l’efficience énergétique devient un jeu

Jérôme Briguet est employé dans l’administration. Installateur sanitaire de formation, il a fait de sa villa de Lens un modèle d’autoconsommation. Grâce à quelques astuces, à beaucoup de bon sens et à un goût prononcé pour l’optimisation, il montre qu’améliorer l’efficience énergétique de son logement n’est pas si compliqué, ni forcément très coûteux.

Chez les Briguet, l’énergie, on la produit, on l’utilise et, surtout, on évite de la gaspiller. Jérôme, père de trois enfants, vit avec sa famille dans une maison construite en 2011 dans la commune de Lens, en Valais. Et depuis quelques années, il s’est pris au jeu de l’optimisation énergétique : « Pour moi, ce n’est pas une contrainte. C’est un défi : comment consommer mieux avec ce que l’on produit ? Plus qu’un impératif écologique, je prends cela comme un jeu. » Avec 18 panneaux solaires installés sur son toit, la maison génère entre 7500 et 8500 kWh par an. Pas encore suffisant pour couvrir les 11 000 kWh de consommation annuelle, mais largement assez pour imaginer des solutions aussi innovantes qu’intelligentes.

Innovation faite maison

« J’ai installé un boiler de 500 litres connecté à notre système photovoltaïque », détaille-t-il. « Quand on produit plus que ce que l’on consomme, le surplus d’électricité solaire bascule automatiquement dans la production d’eau chaude. Ce dispositif me permet d’optimiser cet excédent avant de le réinjecter dans le réseau. » Grâce à ce système, pensé et monté par ses soins pour ce qui est de la partie technique intégrée au chauffe-eau, Jérôme utilise ainsi son boiler comme une batterie de stockage, l’excédent photovoltaïque y étant stocké sous forme de chaleur. Le résultat se révèle plutôt impressionnant en termes d’efficience énergétique, puisque la villa familiale peut atteindre jusqu’à 82 % d’autoconsommation de sa production solaire et 60 % d’autonomie par rapport à sa consommation depuis le réseau. « Et cela, avec des investissements raisonnables », souligne le propriétaire. « Le plus important, c’est de comprendre comment ça fonctionne. Même si mes connaissances et mon savoir-faire d’installateur sanitaire m’ont clairement aidé à mettre en place ce système, je remarque aujourd’hui que de nombreuses solutions et astuces énergétiques sont disponibles et accessibles au grand public. »

Des automatismes

Pour le reste, tout est une affaire d’habitude. Et de timing. Grâce à une application, la famille peut suivre en temps réel ses courbes de production et de consommation : « Nous avons consulté régulièrement l’application de contrôle des panneaux solaires pendant les premiers mois. Ensuite, avec le temps, c’est devenu un automatisme en fonction de la météo et de notre expérience. Nous faisons ainsi fonctionner le plus possible nos appareils en journée, durant les heures de production solaire, par exemple pour recharger notre véhicule électrique. Nous avons aussi pris l’habitude d’utiliser la fonction de programme différé pour lancer les lessives et le lave-vaisselle durant les heures d’ensoleillement. »

Écologique rime avec ludique

Peu à peu, toute la famille s’est prise au jeu. L’approche de Jérôme est résolument pragmatique. L’écologie ? « Bien sûr que ça compte, mais ce n’est pas ce qui m’a motivé au départ », répond-il. « Ce qui m’intéresse, c’est d’utiliser intelligemment ce que l’on produit, d’éviter le gaspillage, de faire mieux avec ce qu’on a. » Chez les Briguet, l’efficience énergétique repose ainsi sur un mélange de technique, d’astuce et d’envie de bien faire. Le tout pour une quinzaine de milliers de francs – déduction faite de diverses subventions. « Parfois, il suffit de s’intéresser un peu au problème pour comprendre comment les choses fonctionnent tout en les utilisant différemment et, surtout, au bon moment », conclut le père de famille.